Je venais d'arriver dans la chambre, il devait sûrement y avoir quelqu'un, je savais que je devais partager ma chambre mais je ne savais pas avec qui. En tout cas j'étais sûre que ce ne serait pas avec Eireann, ce qui d'un côté me rassura beaucoup. On n'étais pas en très bon termes et j'avais pas l'impression que ça allait s'arranger de sitôt. Tout ce que j'espérais c'étais que ma coloc' soit une gentille fille, sympathique qui ne soit pas tout le temps sur mon dos. Je n'en demande pas trop je pense, si ? Peut-être. De toute façon qui que ce soit, il allait falloir que je la supporte. Il y avait pas 50.000 chambres de libres, et quand on avait sa chambre, c'était dur d'en changer. La plupart des filles se regroupaient entre amies, mais étant seule, je me suis contentée de la dernière chambre de libre. Alors même si je voulais changer je ne pourrais pas. Je priais pour tomber sur une fille cool et sympa.

J'ouvris la porte et me retrouvais à une chambre vide. Pourtant on m'avait dit que ça faisait des années quelle était là! Apparemment sa dernière coloc' avait eu son diplome l'année précedente ce qui avait laissé une place de vide. Mais il n'y avait personne... J'ouvris les placards, histoire de m'assurer qu'il y avait bien quelqu'un qui vivait ici. Je fus rassurée en voyant les tas de fringues empilées dans le placard. Je me retournais, examinant la chambre, il y avait également une petite commode avec des tiroirs. J'ouvris alors ma valise et rangeait mes vêtements dans le placard. Puis j'entrepris de regarder s'il y avait de la place pour moi dans ces petits tiroirs.

Le premier que j'ouvris était vide, je me mis donc à le remplir avec ma lingerie. Il fallait bien mettre a quelque part non? Je continuais à ouvrir les tiroirs, au cas où. J'avais peut être rangé mes habits -il allait falloir que j'aille faire du shopping d'ailleurs parce que j'avais plus grand chose à me mettre sur le dos- mais je n'allais pas m'arrêter pour autant. J'avais des bouquins, des bibelots, du bordel de fille quoi à ranger. J'ouvrais les tiroirs, bien evidemment je fermais immédiatement ceux qui contenaient quelque chose. Je n'était pas non plus une fouineuse quand même. Mais lorsque j'ouvris le dernier tiroir, je le laissai ouvert. Je n'arrivais pas à détacher mon regard du contenu. Il y avait quelques feuilles blanches qui recouvraient des boites de médicaments. Mais ce n'est pas ce qui accrocha mon regard. Ce qui l'accrocha c'était ce petit sachet blanc, que je pouvais apercevoir vers le fond du tiroir, assez mal dissimulé derrière une boite de pilules.

Je pris le sachet blanc dans ma main, sans m'en rendre vraiment compte. J'en avait tellement vu dans mon enfance. Ma mère en avait partout, si bien que mon frère et moi tombions dessus à n'importe quel moment. Un jour elle en a même caché dans mon oreiller, comme ça on ne la soupçonnera pas. J'avais douze ans. J'ai souffert de sa dépendance à cette cochonnerie. Je n'ai jamais vraiment eu de mère à cause de la drogue, elle m'a pourri toute mon enfance cette saleté de poudre blanche. Des fois je me dis qu'après tout je devrais me laisser emporter par ça, comme ça j'oublierais réellement tout ces problèmes existenciels qui me blessent chaque jour un peu plus. Mais après je me souviens de ma mère, tel un automate, froide, sans coeur, sans sentiment, sans âme. Je me souviens d'avoir rêvé avoir un calin pour mon anniversaire. J'avais six ans. Tout ce que je voulais c'était de l'amour. Et la drogue m'a enlevé l'amour auquel j'avais droit.

Sans plus attendre je me dirigeais dans la petite salle de bain de la chambre -qui regroupait une petite douche, des toilettes et un tout petit lavabo, tout ça regroupé sur genre 2mètres² - et me plantai devant les toilettes. J'ouvris le sachet, quand soudain la porte s'ouvrit.

Une fille apparu sur l'encadrement de la porte, elle devait être ma colocataire pour l'année, et elle ne semblait pas être contente du tout. En même si c'était son sachet de coke -ce qui était très fort probable- que je tenais au dessus des toilettes, je comprends qu'elle ne soit pas super contente.

"Ça va je ne te gêne pas ? Tu sais combien ça coute ce que tu as entre les mains ? C'est normal pour toi de fouiller dans les affaires ? Si tu en voulais un rail fallait demander et non pas te mettre au dessus de la cuvette comme ça ! S'il était tombé tu m'aurais dû plus de 300 dollars." fit-elle en m'arrachant le sachet des mains.

"Moi? Vouloir un rail de cette saleté ? Plutôt mourir! D'ailleurs c'est ce qu'il risque de t'arriver si tu continue à en prendre!"

Waouh, elle était vraiment accro à cette cochonnerie de malheur. Je le devinais facilement chez quelqu'un. Elle allait sûrement cacher sa drogue ailleurs, mais ce ne serait pas un problème. J'ai grandi avec une mère que je voyais s'enfoncer de plus en plus dans la drogue jour après jour, alors j'ai l'habitude: des drogués et de leurs cachettes.

"300$? Non mais tu te rends compte de ce qu'on peut faire avec tout cet argent? Tu es en train de jeter de l'argent par les fenêtre en achetant ça!" continuais-je "Et pour ton information, je cherchais juste des tiroirs vides pour mettre mes affaires. Et je vais pas te mentir, si je trouve un autre sachet je le jetterais illico dans les toilettes, tu devrais pas en prendre, ça va te tuer d'une manière ou d'une autre..."